Chiens enragés

 

« Un thriller nerveux, saignant, parfaitement documenté. » le Figaro Magazine

 

« Du suspense, de l'action et de la violence. » Jours de France

 

« Effrayant. Le monde que présente Marc Charuel est glaçant. » Quatre sans Quatre

 

« Marc Charuel continue de fouiller les plaies de l'immonde dans un roman très noir.» Causeur

 

« Une plongée haletante dans les abysses du terrorisme. » Valeurs actuelles

 

« Voilà un roman qu'on ne peut plus lâcher quand on l'a commencé. » Le Casoar

 

« Marc Charuel nous entraîne dans un formidable suspense.» Télé 7Jours

 

« Un essai poignant qui nous fait pénétrer dans l'univers du terrorisme et du contre-terrorisme. » l'Opinion indépendante

 

 

« Charuel a bétonné son intrigue. » l'Écho

 

Soldats de papier

 

« Marc Charuel est le frère caché de James Ellroy. » Le Figaro Magazine

 

« Une intrigue diaboliquement nouée, des personnages ciselés au scalpel, un sens aigu du détail horrifique, une maîtrise appropriée de l'atlas militaire: Marc Charuel monte à l'assaut sabre au clair. Cinq étoiles. » Les Echos

 

« Tout dans cette histoire est maudit. Même l'amour. » Le Spectacle du Monde

 

« Marc Charuel a compris comment vous faire frissonner. » Paris Match

 

« Il semble que nous soyons, avec Charuel, en présence d'une grande plume du noir d'aujourd'hui. » Causeur

 

« Charuel marque de son empreinte le roman noir. » L'Est-éclair

 

« Un formidable livre. » RTL

 

« Le deuxième thriller du journaliste Marc Charuel confirme le talent de l'auteur pour instiller angoisse et suspense dans un récit glaçant. » Le Parisien

 

« Marc Charuel signe un deuxième roman ultra-noir dont la fin atteint des sommets dans la manipulation. » Télé 7 Jours

 

« Marc Charuel s'est définitivement installé au Panthéon des maîtres du thriller. » Le Courrier picard

 

« A lire, absolument. » W9

 

« Quel livre! Il se lit d'une traite et pourrait être couronné comme le meilleur policier de l'année. » L'Opinion Indépendante

 

« Un thriller brillant. » le Télégramme de Brest

 

« Marc Charuel réussit un deuxième roman très noir et efficace. » Alibi

 

 

 

Le Jour où tu dois mourir

 

Prix

 

Sang pour Sang Polar

 

2012

 

« Glaçant. » Gérard Thomas Libération

 

« Efficace, ambitieux et maîtrisé du début à la fin, ce polar a tout pour être porté à l’écran. » Laurent Thévenin Les Echos

 

« Un putain de roman et un coup de maître. » Raphaël Stainville Le Figaro Magazine

 

« Un thriller à ne pas mettre entre toutes les mains. » Benjamin Locoge Paris Match

 

« Un étonnant thriller français qui a la classe des meilleurs suspenses américains. » Danielle Attali Le Journal du Dimanche

 

« Une course poursuite haletante et la révélation d’un nouveau maître du thriller. » Bruno de Cessole Valeurs actuelles

 

« Marc Charuel happe son lecteur pour un voyage au cœur des ténèbres. » Frédérick Rappily Télé 7 Jours

 

« Un thriller implacable, au rythme infernal et à la plume rare. »

Stéphanie des Horts Maison Côté Ouest

 

 

Les Soldats de Papier

Le meilleur de la revue de presse

Marc Charuel est le frère caché de James Ellroy 

"Le Figaro Magazine"

 

Une intrigue diaboliquement nouée, des personnages ciselés au scalpel, un sens aigu du détail horrifique, une maîtrise appropriée de l'atlas militaire: Marc Charuel monte à l'assaut sabre au clair. Cinq étoiles. "Les Echos"

 

Tout dans cette histoire est maudit. Même l'amour.

"Le Spectacle du Monde"

 

Albin Michel a mis la main sur une nouvelle plume noire. "MEDIAPART"

 

Marc Charuel a compris comment vous faire frissonner. "Paris Match"

 

Il semble que nous soyons, avec Charuel, en présence d'une grande plume du noir d'aujourd'hui. "Causeur"

 

Charuel marque de son empreinte le roman noir. "L'Est-éclair"

 

Un formidable livre. "RTL"

 

Le deuxième thriller du journaliste Marc Charuel confirme le talent de l'auteur pour instiller angoisse et suspense dans un récit glaçant. "Le Parisien"

 

Marc Charuel signe un deuxième roman ultra-noir dont la fin atteint des sommets dans la manipulation. "Télé 7 Jours"

 

Marc Charuel s'est définitivement installé au Panthéon des maîtres du thriller. "Le Courrier picard"

 

A lire, absolument. "W9"

 

Quel livre! Il se lit d'une traite et pourrait être couronné comme le meilleur policier de l'année. "L'Opinion Indépendante"

 

Un thriller brillant. "le Télégramme de Brest"

 

Marc Charuel réussit un deuxième roman très noir et efficace. "Alibi"

 

Novo Press

France Culture

l'Opinion Indépendante

MEDIAPART

l'Est-éclair

Causeur

Les Echos 

Voyage au bout de l'enfer  

Autour de Saint-Cyr Coëtquidan, les hommes du rang ont une fâcheuse tendance à s'évanouir dans la lande bretonne. Meurtres ou désertions ?

Muté. Sans explications. Lieutenant de réserve, Geoffroy de La Roche, descendant d'une illustre famille d'aristocrates, officie comme psychologue auprès de l'officier conseil de la 11 e division parachutiste depuis moins d'une semaine quand il reçoit l'ordre de rejoindre l'école militaire de Saint-Cyr Coëtquidan sans délai. Il y parvient le soir même, au volant de sa R20 poussive. Nous sommes le 7 octobre 1992, le siège de Sarajevo a commencé six mois plus tôt. Les radios ne parlent que de ça.

A Coët, le général Amaury Chastaing de Lesgrée l'accueille par ces mots : « Il nous arrive une sale histoire. » De fait. En deux mois, six appelés ont disparu dans la nature à l'heure où les permissionnaires font du stop sur la RN24 en espérant attraper leur train à Rennes. Pour le « poireau », un « mili » au poil dur, bardé de décorations, nul doute qu'il s'agisse de désertions. Mais la mission de La Roche n'est pas de retrouver les bidasses évaporés sous le crachin breton entre Guer et Rennes. Elle est de fouiner dans les compagnies, de détecter les « cas sociaux » susceptibles de déserter à leur tour.

Intrigue diabolique

Pour l'aider, on lui adjoint deux sous-officiers de la Sécurité militaire. L'adjudant Gérard Dumoulin, un rond de cuir planqué, libidineux et alcoolo, qui n'a pas la moindre envie de faire de vagues à quelques mois de la quille. Et l'adjudant Mirko Raskovic, un dur, un tatoué, une bête de combat, baroudeur aimanté par les Opérations extérieures et décoré de la médaille de la valeur militaire avec étoile de bronze. Outre que ces deux-là ne se supportent pas, ils n'ont aucunement l'intention d'aider un lieutenant, surtout de réserve.

A la sortie du bureau du général, La Roche est sonné. Cette affaire lui rappelle douloureusement celle qui a frappé l'Ecole des troupes aéroportées de Pau. Dix ans plus tôt, huit hommes du rang avaient disparu dans des conditions similaires en faisant du stop à la sortie de leur caserne un soir de perm'. Parmi eux, Yannick de La Roche, le frère aîné de Geoffroy. La hiérarchie les avait catalogués comme déserteurs, mais Geoffroy est persuadé du contraire. Pour lui, son frère a été assassiné.

Sa surprise s'accroît lorsqu'il découvre que parmi les « huit de Pau », il y a également le frère de Mirko Raskovic, Dragan. Il ne peut s'agir d'une coïncidence. Qui a décidé d'envoyer Geoffroy enquêter à Coët ? Dans quel but ? Qui a intérêt à étouffer l'affaire ? Pourquoi lui a-t-on adjoint Mirko Raskovic ? Que sait exactement le père Kernaudec, aumonier des écoles. Drôle de parcours, au passage, que celui du « Padre », ancien chercheur d'or en Guyane, mercenaire au Surinam et aux Comores avec Bob Denard, bref « un combattant ivrogne, amateur de chansonnettes et de putes qui, un jour, avait tout plaqué pour entrer au séminaire et changer de peau ».

Marc Charuel connaît son affaire. On le sent comme chez lui à Coët dont il connaît les moindres recoins, les moeurs et les coutumes, y compris lorsqu'il s'agit des célèbres « dégagements » dans les bars glauques de Rennes. Une intrigue diaboliquement nouée, des personnages ciselés au scalpel, un sens aigu du détail horrifique, une maîtrise appropriée de l'atlas militaire : Marc Charuel monte à l'assaut sabre au clair. Cinq étoiles.Thierry Gandillot.

W9 - Enquêtes criminelles

Paris Match

Le Figaro Magazine

DANS LA TETE DES TUEURS

Aux Etats-Unis et en France, les affaires Kemper et Chanal ont marqué leur époque. Elles ont aussi inspiré deux grands romanciers français que nous avons réunis pour confronter leurs points de vue sur ce sujet tristement d’actualité : les « serial killers ».

Propos recueillis par Jean-Christophe BUISSON et Nicolas UNGEMUTH.

 

Ce sont deux histoires terrifiantes qui ont marqué leur époque et leur pays. En avril 1973, un géant au QI équivalent à celui d’Einstein se rendait à la police de l’Oregon en avouant avoir tué sa mère, une amie de sa mère et six autostoppeuses âgées de 15 à 23 ans – parfois après les avoir dépecées et grignotées. Depuis, le plus célèbre des serial killers d’outre-Atlantique purge une peine de prison à perpétuité et continue de fasciner l’Amérique, les journalistes, les scénaristes, les écrivains…

Quelques années plus tard, la région de Mourmelon, dans la Marne, vécut plus d’une décennie au rythme des disparitions de jeunes appelés d’un camp militaire. Accusé d’être l’auteur des viols, des tortures et du meurtre des jeunes gens après avoir été dénoncé par une de ses victimes ayant miraculeusement survécu à son calvaire, l’adjudant Pierre Chanal se suicida juste avant son procès en se sectionnant l’artère fémorale.

Comment restituer le parcours de ces deux monstres sans verser dans le spectaculaire, le sordide, le gore ? Chacun à sa manière, les romanciers Marc Dugain et Marc Charuel ont réussi cette gageure avec un talent qui force l’admiration. Tout en retenue, évitant le piège du voyeurisme pour privilégier une approche psychologique d’une finesse rare, l’auteur de La chambre des officiers a rédigé les mémoires imaginaires d’Edmund Kemper. Un autoportrait sans complaisance mais sans cynisme, porté par un style d’une sécheresse exemplaire, admirable. Avenue des géants vaut aussi pour son tableau incroyablement précis de l’Amérique des années 1970. Aucun doute : peu d’écrivains américains seraient parvenus à restituer aussi parfaitement la géographie, l’atmosphère et la civilisation de leur propre pays.

Ancien photographe de guerre ayant bourlingué pendant vingt ans des jungles d’Asie aux montagnes d’Afghanistan en passant par les villages de Croatie et de Bosnie, aujourd’hui chargé du service photo de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, Marc Charuel a choisi, lui, la voie du thriller. Efficace, haletant, porté par une écriture au souffle prodigieux, son roman Les soldats de papier imagine l’enquête d’un officier de réserve psychologue chargé d’élucider, à Coëtquidan, dans la plus grande discrétion, une série de disparitions dont la Grande Muette ne veut ni parler ni entendre parler. Croisant les récits des victimes, du tueur et du vrai héro du livre, il atteint le niveau des meilleurs Thomas Harris.

Profitant de leur connaissance aiguë du sujet, nous leur avons proposé une rencontre dans les salons de l’hôtel Banke, à Paris, au cœur du IXe arrondissement. Quand deux special writers confrontent leurs points de vue sur deux serial killers

RTL

Le Magazine des Livres

(LMDL) Apres Le jour où tu dois mourir et son tueur d’enfant, sa connexion avec les triades asiatiques, voici Les Soldats de Papier et un univers pour le moins singulier, celui de l’armée … Pourquoi ? C’est un univers que vous connaissez bien ?

(MC) Pour ce deuxième roman, j’avais envie d’un cadre moins couru que les sempiternels milieux policier, hospitalier ou financier. Cela dit, je n’ai pas choisi délibérément le monde militaire pour me démarquer des autres auteurs. Je ne me suis pas dit : « Tiens, je vais écrire sur l’armée. Il faudrait que je trouve un bon sujet ». C’est le sujet qui s’est imposé en premier et j’ai décidé ensuite de situer l’intrigue au milieu des soldats. Tout commence, en l’occurrence, à Coëtquidan. J’y ai servi dans ma jeunesse comme officier de réserve. Je connais bien l’endroit. 

(LMDL) Vous êtes attiré par ce côté très disciplinaire ?

(MC) Pas une seconde. Et pour vous répondre précisément : j’ai horreur de recevoir des ordres. Mais pour en revenir à Coëtquidan, c’est un monde à part dans les régiments. C’est certainement notre académie militaire la plus prestigieuse. On y forme l’élite de nos armées. J’en garde un excellent souvenir. Quant à dire que c’était extrêmement disciplinaire, on n’était pas aux Bat d’Af ! Loin de là. C’est plutôt un endroit où l’on responsabilise les hommes. Ce qui, évidemment, est très intéressant dans le scénario que j’ai imaginé parce que cela m’a permis de travailler sur les forces contraires. 

(LMDL) Le titre est sublime, et tellement évocateur d’une réalité …

(MC) Le livre s’inspire de histoire des disparus de Mourmelon. 

(LMDL) Parlez nous de ce fait divers…

(MC) Dans les années 1980, des soldats servant dans les camps de Mourmelon ou de Mailly partent en permission et ne réapparaissent pas. Ils sont rapidement portés déserteurs. Jusqu’à ce que certaines familles s’en alarment et demandent l’ouverture d’une enquête. On finit par parler de disparitions suspectes, mais les autorités militaires ne bougent pas d’un pouce. Pour elles, l’affaire est entendue : les appelés se sont soustraits à leurs obligations. Même réaction de la part de la justice. Les magistrats en charge des dossiers font preuve d’un aveuglement et d’une incompétence consternants. Les parents sont persuadés que leurs enfants ont été enlevés et assassinés par un cadre, personne ne veut les écouter. Ils remuent ciel et terre pour faire entendre leur voix. Sans résultat. Et puis, à l’été 1988, un adjudant-chef de Mourmelon, Pierre Chanal, est surpris avec un autostoppeur hongrois dans son camping-car. Il a enlevé le garçon deux jours plus tôt, l’a attaché et violé. Aux enquêteurs qui recueillent sa déposition, la victime affirme que son ravisseur lui avait dit qu’il le tuerait. L’affaire des disparus de Mourmelon va devenir l’affaire Chanal qui trouvera son épilogue, et c’est incroyable, quinze ans plus tard avec le suicide de l’adjudant-chef la veille de son procès d’assises. Malgré l’avalanche de preuves, ce dernier n’a jamais avoué. On aura pourtant appris entre temps que les enlèvements avaient commencé beaucoup plus tôt, au début des années 1970, dans d’autres régiments où avait servi Chanal. L’accusé décédé, l’action publique a été éteinte. Les parties civiles n’ont jamais obtenu les réponses aux questions qu’elles se posaient. Et les jeunes gens kidnappés et assassinés n’ont jamais obtenu justice. Certains sont encore considérés aujourd’hui comme déserteurs, condamnés par contumace à des peines de prison… Au bout du compte, cette affaire aura été vraisemblablement le plus important scandale militaro-politico-judiciaire français. 

(LMDL) C’est un roman très masculin pourrait-on dire, et pourtant il y a une femme dans cet ouvrage, une femme bouleversante qui a tout à fait sa place. Elle est un des personnages clé du récit.

(MC) Malgré mon choix de situer l’action au sein des armées, je voulais éviter d’enfermer le lecteur dans cette thématique exclusivement militaire. Raison pour laquelle le héros du livre n’en fait pas vraiment partie, d’ailleurs. C’est un psychologue qui vient effectuer une mission ponctuelle à Saint-Cyr. Quant aux femmes, l’armée en compte beaucoup dans ses rangs depuis des années. Mais celle que vous évoquez n’est pas militaire non plus. En fait, ce roman est l’histoire de deux personnes du monde civil qui vont être confrontées à la Grande Muette, cette armée qui se replie sur elle-même lorsqu’elle veut protéger son image. Enfin, il n’y a pas qu’une seule femme dans ce livre. J’en compte au moins cinq… 

(LMDL) Mais la plus importante, Selma, est la mère d’un soldat disparu, et elle devient la maîtresse de l’enquêteur. Et cela fonctionne ! C’est une gageure pour un romancier de faire évoluer ses personnages ainsi et vous y parvenez parfaitement.

(MC) Dès lors que vous vivez avec vos personnages, ce n’est pas très difficile. Je pense à eux comme à des gens de ma famille, au moins pour ceux qui doivent être sympathiques. Je m’endors et me réveille avec eux. Et puis ils ne sont jamais totalement créés artificiellement. Il y a en eux des traits de caractères, voire des tranches de vie, de personnes réelles. Je les invente un peu à la manière du docteur Frankenstein qui engendrait ses monstres avec des morceaux de divers cadavres. Il m’arrive d’ailleurs souvent de puiser dans la mémoire que je conserve d’amis décédés. Pour ce qui est des salauds dans mes livres, la lecture des faits divers m’aide beaucoup. Ensuite, je les fais ressembler à des gens que je n’aime pas. Et c’est inimaginable ce que leurs portraits deviennent alors faciles à brosser ! 

(LMDL) Vous faites fi des clichés dans lesquels vous auriez pu tomber, l’aspect militaire, le fils de bonne famille et soudain son histoire d’amour improbable avec une Yougoslave qui a 10 ans de plus et qui vit dans un pavillon de banlieue. C’est le côté plein d’émotion de cet ouvrage. C’est le seul moment aussi où le lecteur, comme le héros, peut rêver à un avenir meilleur.

(MC) Chaque catégorie socio-professionnelle a son lot de clichés. Si vous survolez les personnages et les décors, vous tombez dedans. Mais si vous faites corps avec votre histoire, vous avez de fortes chances d’y échapper. Maintenant, mes personnages ne sont pas aussi stéréotypés que vous le dites. L’histoire d’amour que vous évoquez, rien dans la vie ne l’interdit. Soit, elle n’est pas banale, elle est même cruelle, mais elle est tout à fait possible. Alors effectivement, elle tempère un peu la noirceur du récit. Je me suis dit qu’il fallait permettre au lecteur de reprendre son souffle. Dans ce roman qui pourrait être considéré comme celui du mal absolu, c’était nécessaire. 

(LMDL) Votre ancien métier de reporter de guerre vous a mis en contact avec l’armée, auriez-vous pu en faire partie ?

(MC) Je me suis retrouvé au cours de ces années aux côtés de toutes sortes d’armées. Rarement la nôtre. Beaucoup plus souvent avec des guérilléros. Ce n’est pas la chose militaire qui me fascinait, mais les hommes. Tout simplement. Les hommes dans leur cheminement difficile et hasardeux sur les sentiers de la mort. J’y ai brûlé une partie de ma jeunesse, et je me le suis longtemps reproché. Moins maintenant que j’écris des livres et que tout ce passé remonte maintenant à la surface pour une bonne cause. Mais de là à imaginer avoir pu embrasser la carrière des armes : jamais. 

(LMDL) Venons-en aux meurtres. Comme dans Le jour où tu dois mourir les scènes sont assez fortes, pleines d’une violence rentrée, le lecteur s’identifie complètement à la victime et en ressent toute l’horreur. Comment arrivez-vous à cela ?

(MC) Quelles que soient ces scènes, j’ai un catalogue personnel de choses vues dans les divers conflits que j’ai couverts où je peux puiser l’inspiration. Cette mémoire, ce n’est pas seulement des images, mais des sons et des odeurs aussi. Des hurlements, des pleurs, la puanteur de la mort… Comme une sorte de fardeau que je traîne à la manière d’une ombre. Nécessairement, ça réapparaît dans mes histoires de façon assez cru. Avec une seule limite : ne pas verser genre dans le gore. 

(LMDL) Le meurtrier a une histoire personnelle sinistre…

(MC) Je crois que c’est la loi du genre… Tous les grands criminels en série ont des comptes à régler avec leur passé. Le mien, notamment. On n’a jamais vu un type absolument normal se mettre à tuer du jour au lendemain à la trentaine ou la quarantaine sans raison antérieures sérieuses. En général, celles-ci plongent leurs racines dans des histoires familiales particulièrement lourdes. Nous parlions des conflits, même les horreurs de la guerre ne fabriquent pas des serial killers, ou alors il y en aurait des centaines de milliers à travers le monde. C’est toujours dans l’enfance qu’on trouve le mal. 

(LMDL) Comme pour le précèdent ouvrage, votre récit ne s’arrête pas aux frontières de la France, mais s’ouvre sur un autre conflit, un pays exsangue …

(MC) Si j’étais resté sur le Bassin d’Arcachon dans Le jour où tu dois mourir et en Bretagne dans Les soldats de papier, les histoires m’auraient semblé manquer de souffle. D’où l’idée de les terminer sur des terrains de guerre inattendus dans les récits. A la fois pour créer la surprise, pour corser le scénario et, comme je vous l’ai dit, pour évacuer aussi ce que je porte en moi. En ce qui concerne ce deuxième livre, cela s’y prête parfaitement. On reste dans le cadre militaire, mais on change d’échelle. 

(LMDL) On retrouve Duncan le photographe, héros de votre précèdent roman. Un petit clin d’oeil à la Hitchcock…

(MC) J’avais l’occasion de le faire revenir au détour d’une page, cela convenait avec l’époque à laquelle je situe Les soldats de Papier et le contexte de son retour, la guerre en ex-Yougoslavie. Je n’allais pas m’en priver. Si je n’ai pas l’envie de créer un personnage récurrent comme le font certains auteurs, en revanche ce genre de clin d’œil m’amuse. 

(LMDL) L’ouvrage est écrit, la chose n’est pas évidente pour un thriller où l’on privilégie normalement l’intrigue. Mais chez vous la forme a une importance particulière, presque aussi importante que l’avancée de l’histoire.

(MC) Vous m’avez dit la même chose pour mon précédent roman, cela me rassure. Le fait est que je suis attaché au style. Je n’entre pas dans un livre, ou alors exceptionnellement, s’il n’est pas écrit. J’essaie donc de m’appliquer moi aussi, à mon modeste niveau. C’est capital pour moi de planter les décors de telle façon que les lecteurs aient l’impression d’y être allés, ou de décrire mes personnages de manière à ce que vous puissiez penser les avoir croisés un jour. Qu’on soit dans le genre du polar, du thriller ou du roman historique par exemple, cela devrait être la règle. Regardez ce que font les Américains dans le roman noir —des écrivains comme Bunker, Lehane, Ellroy, et le dernier arrivé Donald Ray Pollock—, c’est absolument superbe. Il y a une vraie musique dans leurs livres. Vous êtes emportés par leur style. 

(LMDL) La part de recherche a été importante pour cet ouvrage ?

(MC) Une documentation de quelques centaines de pages et mes propres souvenirs de Coëtquidan et de la guerre d’ex-Yougoslavie que j’ai couverte entre 1991 et 1995.

(LMDL) Une idée pour le prochain ?

(MC) Je suis en train de l’écrire… 

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Où s’en vont les soldats de papier déchirés? (thriller)

La période estivale est souvent synonyme de séance de rattrapage pour la lecture, plaisir  trop souvent négligé le reste de l’année. Quelques semaines de farniente durant lesquelles il est bon de savourer de bons livres mis de côté. Il reste néanmoins la corvée du choix, toujours cornélien, des ouvrages.  Lors de nos prochaines chroniques, nous vous proposerons nos sélections de romans lus et appréciés. Des titres qui ne seront sans doute pas repris sur ces listes de romans d’été, formatés et lancés à grand renfort de publicité. Soit. Préférons ces sentiers non balisés pour découvrir des pépites qui nous feront aimer le temps passé à lire. Comme le nouveau roman de Marc Charuel. Nous l’avions découvert, chroniqué et aimé  l’an dernier avec son premier thriller, « Le jour où tu dois mourir »  (éditions Albin Michel). Le roman de cet auteur français avait marqué nos esprits. Durablement après sa lecture. Par son style percutant et son sujet, les snuff movies (les mises à mort réelles filmées pour de riches amateurs).

Et quand le deuxième roman de Marc Charuel est arrivé sur notre bureau à la rédaction, les souvenirs sont revenus en mémoire. Avec violence. Comme un coup de poing brutal.

 Les-soldats-de-papier-copie-1Avec d’emblée un titre abscons : « Les soldats de papier ». Et une sacrée photo de couverture. Celle de l’auteur, visage fermé, le regard à l’étrange reflet. Celui d’un homme qui a vécu, vu des choses, incroyables.
De fait, actuel directeur photo pour le magazine « Valeurs actuelles », Marc Charuel a baroudé. Militaire, grand reporter, il a suivi presque toutes les guerres des années 60 à nos jours. Vietnam, Cambodge, Birmanie, Bosnie… L’horreur, il la connaît. Blessé, témoin de massacres. Parfois à quelques heures de Paris, comme dans les Balkans, dont l’ombre  plane au-dessus de son dernier roman.

Une expérience de la mort qui lui donne la capacité d’écrire des thrillers plus réalistes que ceux de ses confrères.  Ses « soldats de papier » doivent leur inspiration à un fait divers suivi par l’auteur pour son ampleur dramatique: les disparus de Mourmelon. Ces nombreux appelés français qui, dans les années 80,  ont un jour disparu sur une petite route de France, non loin du camp militaire de Mourmelon. Des auto-stoppeurs vraisemblablement kidnappés, violés et tués par un cadre militaire, l’adjudant-chef Pierre Chanal, suicidé avant son procès.

 Une affaire romancée par l’auteur et qui se situe plus à l’ouest, au camp de Coëtquidan en Bretagne dans les années 90.  Quand un appelé ne rentre pas de permission, on appelle cela un déserteur. Quand ils deviennent de plus en plus nombreux, cela devient un sacré problème pour l’armée française. Pour y remédier, le général commandant l’école militaire, Chastaing de Lesgrée, décide de faire appel à un psy pour stopper l’hémorragie de « déserteurs ». Lieutenant de réserve et familier des lieux, Geoffroy de la Roche est chargé de la mission, alors que les disparitions se poursuivent. Ce qui ne doit être qu’une mission de routine se révèle un piège pour l’officier, encadré par deux sous-officiers douteux, dont l’adjudant Raskovic, vétéran de Bosnie. « Je n’avais aucune carrière militaire devant moi. Je n’étais, au fond, qu’un emmerdeur de passage, et c’était mon principal atout. »

Une mission bidon orchestrée par l’autorité militaire mais prise au sérieux par le psy. Les souvenirs de son frère aîné, disparu dix ans plus tôt à Pau  dans les mêmes circonstances, poussent le lieutenant de la Roche à risquer sa carrière et sa vie pour découvrir le tueur en série qui s’en prend aux jeunes soldats, « cette main-d’œuvre saisonnière. Des soldats de papier. Rien d’important. »

Voilà pour le début de l’intrigue, à glacer le sang. Au propre comme au figuré. Il s’agit d’un roman, certes, mais on devine le sort réellement réservé à ces jeunes disparus qui ont servi de modèles à l’auteur. Les descriptions des scènes de crimes qui émaillent le récit  se révèlent d’un épouvantable réalisme, même si l’horreur est plutôt  psychologique. L’auteur nous épargne les habituels bains de sang classiques des thrillers. Mais l’angoisse est d’autant plus forte. « Cette forme étendue sur le sol n’avait plus rien d’humain. C’était autre chose. Quelque chose qui vous soulevait le cœur. Qui vous capturait le regard et refusait de vous le rendre. La nature exacte de ce qu’on deviendrait un jour et qui vous tordait les tripes de dégoût et d’effroi. Le mystère de la mort dévoilé à l’improviste. » Nous avons choisi l’extrait le plus soft.

 Et si l’horreur prend ses quartiers dans une caserne, il ne faut nullement y voir de l’antimilitarisme primaire. Passionné par l’armée, l’auteur s’en défend. Il a juste choisi un lieu familier. Et qui, pour l’anecdote, devrait ramener des souvenirs dans la tête des lecteurs masculins. Ceux qui ont connu les  « joies » du service militaire comme les appelés de ce roman. Un thriller que nous avons dévoré une nuit d’été, sans jamais regretter les heures de sommeil. Dans le jargon littéraire, on appelle cela un « page-turner » (un livre impossible à stopper une fois débuté).

 L’œuvre de Marc Charuel, « Les soldats de papier » (Albin Michel),  devrait vous décourager à jamais de la pratique de l’auto-stop. Au risque de se retrouver un jour  à la place du mort… celui qui doit mourir.

 Philippe Degouy

 "Les soldats de papier". Thriller de Marc Charuel. Éditions Albin Michel.  464 pages, 22 euros

 Illustration : éditions Albin Michel

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